Patients infectés par le VIH : impact du premier confinement sur la charge virale VIH - 03/08/21
Résumé |
Introduction |
La première vague d’infection COVID a entraîné une fermeture brutale des consultations de patients suivis pour des pathologies chroniques dont le VIH. Même si les ordonnances étaient systématiquement renouvelées en ville et si les consultations ont ré-ouvert rapidement, une inquiétude sur le risque d’interruption des traitements et du suivi a émergé parmi les équipes soignantes prenant habituellement en charge ces patients.
Nous avons souhaité évaluer la fréquence et la cause des interruptions du traitement et du suivi parmi les patients de notre service.
Matériels et méthodes |
Nous avons repris les dossiers et résultats de tous les patients vus entre mai et juin 2020. Les résultats des charges virales, traitement, dates de consultation et évènements sur la prise des traitements ont été recueillis.
Certains patients ont été exclus de l’analyse : les patients elite controller et les patients ayant débuté un traitement depuis moins de 6 mois.
Résultats |
Au total, 300 recueils ont pu être effectués. Il s’agissait de femmes dans 64 % des cas, l’âge médian des patients était de 46 ans, 71 % d’entre eux étaient d’origine d’Afrique subsaharienne, 54 % étaient des ouvriers, 23 % n’avaient pas d’emploi, 90 % avaient un titre de séjour/nationalité, et 95 % une prise en charge sociale.
Sept patients ont été exclus de l’analyse car elite controller, début de traitement ou découverte récente.
Sur les 293 patients analysés, 31 % recevaient des anti-intégrases, 33 % des inhibiteurs non-nucléosidiques et 20 % des inhibiteurs de protéase, 20 % recevaient une bithérapie, et 40 % des patients avaient une charge virale indétectable depuis plus de 10 ans, le reste depuis en moyenne 4 ans.
Alors que 93,8 % des patients avaient une charge virale indétectable avant le confinement, seulement 85 % des patients gardaient une charge virale indétectable au contrôle après le confinement, différence statistiquement significative (p<0,0005). Au total 36 patients ont positivé leur charge virale. Parmi ces patients 22 % recevaient des inhibiteurs non-nucléosidiques. Le délai entre les dates de consultation pré-confinement et post confinement était en moyenne de 6,3 mois (SD±6), délai que l’on remarque en général dans le suivi standard mais l’écart-type est large.
Les raisons de la rupture de traitement pour ces patients étaient un voyage pour 12 d’entre eux (33 %), un seul patient avait manqué d’ordonnance et un autre évoquait un problème de confidentialité.
Les risques potentiels sont le développement de résistances, différents sans doute selon la classe du 3e agent et la transmission possible de l’infection aux partenaires.
Conclusion |
Le premier confinement lié à la crise sanitaire a entraîné un échappement virologique nous incitant à rester attentifs aux risques de rupture de suivi chez nos patients en période de crise sanitaire.
Un des risques majeurs reste le voyage, avec plusieurs de nos patients restés bloqués dans leur pays d’origine.
Un des biais principal de cette étude est son temps de recueil probablement trop court, pouvant sous-estimer le nombre de patients non encore revus depuis la première vague.
Notre étude se poursuit pour vérifier un retour à une charge virale indétectable pour les patients s’étant positivés après la V1, et assurer les prochains confinements au maximum en maintenant le suivi actif de nos patients.
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Vol 51 - N° 5S
P. S127 - août 2021 Retour au numéroBienvenue sur EM-consulte, la référence des professionnels de santé.